auteurs
livres

revue
parutions

retour

entretien avec maïté grandjouan


Peux-tu nous présenter ton livre ?

Fantasma est un livre sur l’amour et la mort, et sur comment la relation avec l’autre continue d’évoluer même quand l’autre n’est pas là.

 

Que signifie le titre ?

Fantasma est la rencontre du fantôme et du fantasme. Le fantôme c’est celui qui revient alors qu’on ne le désire pas forcément et le fantasme est aussi quelque chose qui revient sans qu’on ne le souhaite toujours. J’aime leur caractère ambigu et invisible, le fait qu’on les désire et qu’on les rejette en même temps.


Qui sont les personnages principaux ?

Olga, le héros et le psychomage.

 

Qui est Olga ?

Je n’ai pas de réponse claire à qui est vraiment Olga. Elle pourrait être une princesse médiévale, ou une fille un peu perdue et triste, ou encore une poétesse sublime avec laquelle le monde est trop dur. C’est surtout au lecteur, comme pour le héros, de chercher sa propre interprétation de l’identité d’Olga. Dans le livre elle est d’abord cette personne qui disparaît et qui est aimée par le héros. Le héros lui, n’a pas de nom, c’est un personnage à la fois soupirant, voyeur et enquêteur qui cherche les réponses à la disparition d’Olga et qui va braver les dangers pour elle.

 

Qui est le psychomage ?

Tout dépend encore une fois de l’interprétation du lecteur. Le psychomage peut être considéré comme un horrible gourou manipulateur, ou bien comme un idéaliste dévoué à sa cause. Il a cette ambiguité du gourou qui veut te faire du bien contre ton gré. C’est aussi le cliché du méchant psy au cinéma, celui qui lit dans ton âme, qui te connaît mieux que toi-même. C’est un peu le diable, car lui aussi propose des pactes ou plutôt des paris que personne ne peut gagner.

 

Qu’est-ce que la psychomagie ?

J’ai emprunté la psychomagie à Jodorowsky et son livre La danse de la réalité. La psychomagie apaise l’esprit qui n’a pas pu accomplir certaines actions dans sa vie. La psychomagie permet par l’accomplissement symbolique sous forme de rituels de rassasier l’esprit de ses manques. Jodorowsky présente la psychomagie comme une façon de remédier à des abandons, des maltraitances, toutes sortes de blessures psychologiques au moyen de rituels symboliques en emprutant à la médecine traditionnelle et à la psychologie. Ce qui m’intéresse dans la psychomagie c’est son aspect art contemporain, son côté performatif, comme dans les œuvres de Marina Abramovic. Pour caricaturer, la psychomagie peut te prescrire par exemple de sacrifier une chèvre, de l’enterrer, de planter un rosier, puis de courir trois fois au-dessus en criant le nom de ton père. Elle me fascine d’abord pour sa dimension visuelle, très onirique, et par son art de la mise en scène. Et aussi son côté ambivalent, le fait que cela repose sur la foi en un gourou qui peut te guérir ou te détruire.

 

Comment décrirais-tu ta peinture et quelles sont tes influences ?

Je recherche dans ma peinture quelque chose de très sincère, presque naïf dans ma volonté de montrer le réel mais avec l’idée que ce n’est pas possible, que c’est un piège. J’aime Vallotton et Hopper. J’adore les Contes d’Hoffmann et la littérature romantique du 19e. Le cinéma de David Lynch et de Dario Argento me nourrissent autant sur le plan visuel que sur celui de l’écriture.



propos reccueillis par JM
08/2016



retour